Quand les liens du cœur sont plus forts que les liens de sang
La synchronicité est un concept qui, selon le psychiatre Carl-Gustave Jung, se trouve dans un événement qui semble dépourvu de sens au moment où il survient, mais qui se révèle plus tard de la plus haute signification.
Sophie et William ont vécu leur vie en parallèle, sans se douter de l’existence de l’autre. Pourtant, les événements les ont tout doucement menés l’un vers l’autre. Voici leur histoire de synchronicité…
À une certaine époque, Sophie partage sa vie entre son travail, ses enfants et une relation de couple complexe qui l’a rapidement menée vers une dépression majeure. Dans cette dépression, elle a beaucoup perdu. Les relations avec ses proches se sont énormément effritées, sa santé physique est descendue à son plus bas, son amour propre est devenu inexistant et la vivacité a tout doucement quitté son corps. Lentement, son conjoint avait bâti des murs tout autour d’elle. Des murs qui lui ont permis de l’isoler pour mieux la contrôler et lui enlever toute confiance en elle. L’illusion de bonheur est si parfaite que même les collègues de Sophie ne se doutent pas du cauchemar qu’elle vit à la maison… Jusqu’au moment où elle doit quitter son emploi parce que les idées noires prennent toute la place dans sa tête. Pendant un an, Sophie ne voit presque jamais la lumière du jour. Elle reste au sous-sol, toute la journée, et colore des mandalas sans arrêt. Comme si la couleur mise dans ses dessins pouvait redonner un sens à sa vie.
Lorsque Sophie tente un retour au travail avec l’accord de son médecin traitant, son employeur demande une contre-expertise médicale. Pour elle, il s’agit là d’un affront et elle se sent trahit. Elle veut retourner au travail, elle en a besoin et elle se sent prête. Mais pourtant…
Le second médecin lui suggère de faire l’expérience du bénévolat avant de faire son retour officiel au travail. Elle devient donc, en juillet 2016, une bénévole des soins intensifs de l’Hôpital Sainte Justine. Une expérience qui transformera sa vie à tout jamais. Pendant plus d’un an elle tissa des liens avec le personnel, les familles et les enfants de ce département. Elle s’y découvrit des compétences, une force et une satisfaction personnelle qui, tout doucement, la reconstruise. Elle redevient peu à peu la femme qu’elle était avant et retrouve son emploi. Elle n’est toutefois pas au bout de ses peines puisque qu’en 2017, elle se sépare de son conjoint; une expérience douloureuse et remplie de trahison. Forte de son expérience de bénévolat, Sophie retombe rapidement sur ses pieds et poursuit son implication auprès des petits patients séjournant en néonatalogie.
Le mois d’avril 2018 marque le point tournant de cette histoire. Sophie reçoit un courriel dans lequel une demande bien spéciale est faite à toute l’équipe de bénévoles de Sainte Justine.
L’histoire de William a débutée de façon brutale… Enfant unique en santé de jeunes parents peu outillés pour faire face à la parentalité, William n’a pas eu la chance d’être protégé. Un jour, il a trop pleuré. Un jour, ses parents n’ont pas eu la patience pour le consoler. Ses parents ont commis l’irréversible et tout a basculé. William n’avait que deux mois…
L’équipe médicale qui a eu a soigné William à son arrivée à Sainte Justine avait rarement vu un bébé aussi blessé physiquement et, assurément, psychologiquement. Les médecins ont réussi à stabiliser son état physique, mais comment sécuriser un si jeune enfant qui a vécu une telle violence et qui doit maintenant vivre avec d’importantes séquelles ? On a donc demandé à l’équipe de bénévoles de l’hôpital de se relayer pour bercer William. Plusieurs personnes se sont succédé, dont Sophie, pour remplir d’amour le petit corps de William et, peut-être, guérir son âme et son cœur…
Sophie développe un lien spécial avec William et elle n’hésite pas bien longtemps lorsqu’on lui a dit être à la recherche d’une famille d’accueil pour William. Elle demande une année sabbatique à son employeur afin de se dédiée entièrement au bien être de William et elle fait toutes les démarches nécessaires. Si bien que le 24 octobre 2018, elle devient officiellement famille d’accueil. William arrive chez elle au début de 2019…
L’arrivée de William ne se fait pas dans la douceur totale. Sophie doit apprendre à prodiguer les soins nécessaires à la survie de William. Il a besoin d’être nourrit par gavage, il est affecté par des crises d’épilepsie fréquentes et sévères, il est hypotonique et n’a aucune interaction avec son environnement. Malgré tout l’amour qu’elle a pour lui, elle trouve le défi bien grand et elle craint de ne pas être à la hauteur. Les soins dont William a besoin ne ressemblent en rien à ceux dont avaient besoin ses enfants au même âge. Mais, Sophie s’accroche et demande l’aide de sa fille qui vit encore à la maison, de certaines personnes en qui elle a confiance et de l’équipe médicale des soins complexes de Sainte Justine. Elle n’a peut-être pas porté William dans son ventre, mais elle l’a suffisamment porté dans ses bras pour que le doute l’assaille lorsqu’elle ne se sent pas à la hauteur…
Jour après jour, Sophie, sa fille et William forme une famille qui s’apprivoise et qui développe des liens d’une grande signification.
Tous les événements malheureux et tragiques qui ont précédé leur rencontre semblent les avoir mené l’un à l’autre pour qu’ils puissent se guérir mutuellement…
Lorsque Sophie a eu la réponse officielle qu’elle serait famille d’accueil pour William, elle lui a écrit un texte qu’elle est allée coller dans son berceau à l’hôpital. Elle vous le partage :
24 octobre 2018
« Bienvenu dans ta nouvelle famille mon p’tit trésor,
Je serai présente pour toi jour et nuit, je vais te combler d’amour, de sécurité et de bonheur ! Comme tu seras gâté avec Alexandre, Marilou et tes deux nouveaux p’tits chiens !
Je me sens privilégiée d’avoir la chance de t’accueillir chez moi, quelle joie que nos chemins se soient croisés….C’est avec ta petite main dans la mienne que débute cette belle aventure pour nous deux, à partir d’aujourd’hui, je serai toujours là pour toi !!»